Il y a des signes qui ne trompent pas. Le festival de Cannes qui bat son plein, les fruits rouges qui murissent, les journées qui rallongent et ces discussions autour de la machine à café qui concernent des destinations paradisiaques. Oui l’été approche à grand pas, tout en laissant dans son sillage un grand nombre de blockbusters qui pullulent dans les salles obscures.
Si vous êtes amateurs de films d’actions, de villes détruites et de gros monstres accrochez vos ceintures, aujourd’hui c’est Godzilla.
Godzilla ou Gojira dans sa version orignal est un monstre du cinéma japonais et qui est devenu une figure iconique de la culture japonaise. Il fait sa première apparition au cinéma en 1954, imaginé par Tomoyuki Tanaka. Il a révolutionné le genre cinématographique du cinéma de monstre, le Kaiju Eiga. C’est une franchise a été énormément exploitée car elle a fait l’objet de comics, de jeux vidéo, de films ou encore de séries animées. A noter que ce film est le trentième de la franchise et seulement deux films sont sortis en salle chez nous.
- Une version de 1998 réalisée par Roland EMMERICH (connu pour « Independance Day » ou encore « Le jour d’après », …) avec Matthieu BRODERICK et Jean RENO
- La version de 2014 de Gareth EDWARDS (connu pour « Monsters »)
Dans les premières scènes du film nous faisons la connaissance de deux scientifiques, le professeur SERIZAWA (interprété par Ken WATANABE) et son assistante, qui travaillent pour une organisation indépendante dont le rôle et de rechercher (également) le monstre Godzilla. Le spectateur est tout de suite mis dans l’action, il est tout de suite intégré dans le récit. Il suit le scientifique et son assistante à la recherche du dit monstre. Le fait que ces deux personnages apparaissent dès les premières scènes du film est très important car ils permettent une identification immédiate du spectateur à ces personnages et le fait entrer dans le film dès les premières minutes parce qu’ils sont à la recherche d’un même but : Découvrir Godzilla. Permettant ainsi de créer un lien entre le film et spectateur et de l’impliquer dans le récit pour le tenir en haleine durant les deux heures de la séance.
Je trouve que c’est une performance de capter l’attention du public aussi rapidement et avec autant de brio. Prenons par exemple, un autre film catastrophe, « Independance Day » de Roland EMRICH, dans ce dernier le spectateur n’est intégré dans le film que très tard, 30 minutes après le début du film, c’est-à-dire dire lorsque les extra-terrestres commencent à détruire la ville. Cela implique deux choses, tout d’abord que la première partie du film est plutôt ennuyeuse et peu passionnante, se contentant d’accumuler les clichés en nous présentant des personnages, des situations et un contexte, très sommaires, dans lequel les interactions entre les différents protagonistes vont avoir lieu. Et la seconde, un manque d’ambition flagrant !!! Mince quoi !!! Oui on sait que le spectateur vient voir des scènes d’actions et de destruction, mais est-ce une raison pour ne pas lui en proposer un peu plus ? Parce que si ce genre de film ne se contente que de ça, les 30 minutes de blabla inutile du début …. Et bien, ce n’est pas la peine de nous les imposer, sérieux on s’en fiche. Et d’ailleurs, je trouve que c’est un peu partir du postulat que le spectateur est un bourrin de base à qui on ne peut pas proposer autre chose que ce à quoi il s’attend sinon il sera déçu ou ne va pas comprendre (je prends pour exemple l’excellent Spring Breaker de Harmony KORINE qui s’est fait littéralement assassiné par la plupart des spectateurs qui s’attendaient à American Pie – like) !!! Et bien je trouve ce postulat complètement débile et c’est une des très bonnes surprises que cette nouvelle version de Godzilla ne suive absolument pas ce schéma.
Mais revenons au film du jour. Une fois le spectateur pris dans le film, le réalisateur nous présente rapidement les différents personnages, comme tout film du genre, à la différence que là cette partie n’est pas ennuyeuse du tout. Elle fait partie intégrante d’une histoire dans laquelle la salle est déjà impliquée. Après, je ne vais vous cacher que les personnages sont plutôt simplistes, on retrouve le scientifique plein de conviction que tout le monde crois fou alors qu’il a tout compris depuis le début, le militaire au grand cœur jeune père de famille, … ect. Les acteurs sont très bons, Bryan CRANSTON (le père de Malcolm), Aaron TAYLOR-JOHNSON (Kick Ass) ou encore Elizabeth OLSEN, mais personnellement, je trouve que leur alliance dans ce film ne fonctionne absolument pas, ne parvenant ni à créer de l’émotion, ni de l’empathie pour ces derniers. Mais ce n’est pas gênant car ces personnages sont relégués au second plan, dans ce film, la star, la vedette c’est Godzilla (film éponyme une fois encore) alors ça passe sans problème.
Je tiens également à préciser que la mise en scène de ce film est très très bonne, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord la réalisation est juste excellente. J’entends par là que le film se refuse à une mise en scène tape à l’œil et plutôt vulgaire, comme le fais The Amazing Spider Man 2, vous ne trouverez pas dans ce film des plans avec une caméra virevoltant dans tous les sens autour des personnages. La mise en scène se veut plus sobre mais extrêmement classe grâce à une direction artistique de grande qualité avec des scènes esthétiquement magnifiques, par exemple la descente en chute libre des militaire sur la ville ou encore les tirs de fumigènes rouges permettant dans une lumière tamisée de découvrir le corps du monstre tout en dessinant ses vaisseaux sanguin. Autre élément de mise en scène que je trouve très intéressant, le film se place (presque) toujours du côté des humains, c’est-à-dire que dans les moments où il film Godzilla, la caméra se trouve au niveau des êtres humains, au sol pour apercevoir un pied du monstre ou sur le toit d’un building pour voir son torse. Je trouve que c’est un procédé de mise en scène très intéressant car il permet dans le cas présent d’insister sur le gigantisme des montres et de retarder la découverte de Godzilla par le spectateur.
C’est justement cette attente qui donne au film tout son rythme, le spectateur est happé par le film, concentré à observer chaque fraction d’image pour capter une apparition même furtive de la créature. Comme je l’ai évoqué précédemment, l’attente du spectateur est portée par la découverte de Godzilla, le film joue avec cette attente en le faisant patienter pendant plus d’une heure avant de pouvoir découvrir le dit monstre. Je trouve que les moyens employés par le réalisateur pour brouiller les pistes fonctionnent tous, et permettent aux spectateurs de ne pas sortir du film (comme c’est le cas dans la plus part des blockbusters).
Les subterfuges utilisés par le réalisateur pour traiter le mystère autour du reptile géant me font penser à ceux utilisés dans les films de SPIELBERG. Il fait clairement référence au film « les dents de la mer », on voit Godzilla nager dans la mer mais uniquement ces nageoires dorsales sortent de l’eau, nous donnant une idée de sa taille, mais ne le voyant que partiellement. J’ai noté également une référence à « la guerre des mondes », lorsque les militaires américains utilisent leur puissance de feu contre un monstre géant, on ne voit pas les combats mais un mur de flammes en contrebas d’une montagne, laissant libre court à l’imagination du spectateur sur le déroulement des affrontements. Attention, ce n’est absolument pas une critique, je fais bien la différence entre s’inspirer et plagier. Et dans le cas présent, cela prouve une forme culture cinématographique de la part du cinéaste qui ne se contente pas de recopier une scène plans par plans d’un film mythique mais bien d’utiliser un procédé de mise en scène pour créer du suspense et renforcer (ou capter) l’attention du spectateur.
Le film original, de 1954, était encré dans son époque, il était une métaphore de la société japonaise en représentant la peur du pays envers le nucléaire suite aux événements de Hiroshima et Nagazaki, et aujourd’hui ces sujets sont toujours d’actualité avec la catastrophe de Fukuchima, le film débute sur la destruction d’une centrale nucléaire japonaise qui entraine la contamination d’une zone. Je trouve que c’est un point important de cette version, contrairement au film de Roland EMRICH, il n’est pas question ici de morale écologique et c’est une très bonne chose !! Une des choses que je déteste dans la vie de tous les jours et également dans les films c’est les donneurs de leçons, c’est pour ça que j’ai beaucoup de mal avec certains films Lars Van Trier que je trouve moralisateurs et extrêmement prétentieux (Antéchrist en est un exemple). Je déteste les blockbusters qui lorgne sur une morale écolo, je trouve ça généralement forcé et très peu pertinent et pouvant dans certains cas rendre le film totalement antipathique. C’est cas de Avatar, qui selon moi, est un énorme gâchis, James CAMERON parviens à créer un univers complexe avec lequel il peut se permettre de raconter toutes sortes d’aventures plus extraordinaires les unes que les autres et au final il n’est est rien, nous avons juste droit à une histoire simpliste qui oppose les gentils écologistes et les méchants capitalistes.
Dans le Godzilla de Gareth Edward, le reptile géant n’est pas la conséquence des essais nucléaires qui ont eu lieu dans le pacifique (comme c’est le cas dans la version de 1998) mais ces essais avaient pour but d’essayer de le détruire. Dans ce film, Godzilla apparait comme une incarnation de Dame Nature, c’est lui qui régit l’équilibre naturel, il sort de son sommeil parce que le monde est menacé par l’apparition de créatures géantes qui menacent cet équilibre. Il expose le fait que la nature est incontrôlable et est bien plus puissante que les actions des hommes. Ceci est matérialisé dans le film par utilisation de l’arme atomique (qui est ce que les hommes ont de plus puissant) qui est incapable de détruire les différents Kaiju (fruit de la nature).
Pour conclure, je pense que vous l’avez compris ce Godzilla version 2014 est une très bonne surprise. C’est un excellent divertissement servi par une mise en scène de qualité et est assez ambitieux dans la narration pour un film de ce genre. De plus, je trouve que la créature, est, dans son design très proche de celle du film original de 1954 et c’est une très bonne chose que la moulinette Hollywood n’ait pas dénaturée à outre mesure le mythe de Godzilla. Si j’aime bien ce film c’est également parce qu’il est très proche de la toute première image que j’ai eu de cette créature lorsque j’étais enfant, avec un dessin animé dans lequel un groupe de scientifiques faisait appel à la créature lorsque différents monstres envahissaient la ville. Alors voilà, la saison estivale commence très bien avec un film de qualité. Espérons que pour les suivants la qualité sera également au rendez-vous.
Mais bon ce n’est que mon avis...
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