Edge of Tomorrow, Aujourd’hui à jamais ou Edge of Tomorrow dans sa version originale, ou encore Al filo del mañana en espagnol mais aussi No limite do Amanhã en brésilien (coupe du monde oblige) est un film de science-fiction réalisé par Doug LIMAN sorti en 2014.
Une des premières choses que je me suis demandée lorsque je suis sorti de la séance, c’est « Mais est-ce que ce film ne serait pas une des meilleurs adaptations de jeux vidéo au cinéma ? » et bien je vous propose de découvrir la réponse en lisant cette critique.
Ce réalisateur est connu pour des bons films comme « Fair Game » ou encore « La mémoire dans la peau » mais également des films plutôt pas terribles comme « Me & Mrs Smith » ou « Jumper ». A noter également que l’écriture du scénario a été confiée entre autre à Roberto ORCI et Alex KUZMAN qui sont des habités des blockbusters pour avoir travaillé notamment sur les trois épisodes de Transformers, les deux Star Trek de J.J ABRAMS ou encore The Island de Michael BAY et sur de nombreuses séries tel que Lost ou Fringe.
Ce film est l’adaptation d’un manga japonais nommé « All You Need Is Kill » qui est l’œuvre Takeshi OBATA connu notamment pour « Death Note ».
Le film se déroule dans un futur proche dans lequel les extraterrestres nommés les Mimics ont envahi la Terre. Il raconte l’histoire du commandant Cage, interprété par Tom CRUISE, qui est tué lors d’une bataille mais qui se réveille un jour avant cette dernière. Ce paradoxe temporel se reproduira sans cesse à chaque fois qu’il mourra, ce qui lui permettra d’apprendre à se battre et survivre sur le champ de bataille dans le but de sauver le monde … (et oui c’est Tom Cruise quand même).
Alors certes, le film n’est pas directement inspiré d’un jeu vidéo, mais dans son concept et ça construction il en est selon moi plus proche que la plupart des adaptations cinématographiques. Je m’explique, dans ce film, le personnage principal, le héros hérite lors d’une bataille d’un don extra-terrestre qui lui permet de remonter le temps et de se réveiller la veille de la bataille à chaque fois qu’il meure. Et ça c’est le principe de base de n’importe quel jeu vidéo, lorsque le joueur perd la partie, il recommence au début du niveau. Je vais essayer de décrire chaque étape du film est de faire le parallèle avec l’univers du jeu vidéo.
Le film débute par une présentation du conflit par les médias du monde entier, puis nous est présenté le commandant Cage, qui est une sorte de chargé de communication de l’armée, son rôle est de mettre en valeur les courageux combattants dans le but d’en enrôler de nouveau. Ce début de film me fait énormément penser à Starship Trooper, premier du nom bien sûr, de Paul VEROVEEN, dans lequel il dénonce les médias qui sont contrôlés par le gouvernement en place et qui sont utilisés à des fins de propagande pour recruter des soldats en cachant la violence des combats et mettant en avant un patriotisme exacerbé. Mais dans Edge of Tomorrow cette critique est beaucoup moins présente (trois minutes en ouverture du film) et il faut bien le dire stérile.
La base militaire dans laquelle est envoyé le personnage campé par Tom CRUISE est une sorte de hub géant dans lequel le joueur peut se déplacer à sa guise et réaliser différentes actions :
- S’entrainer pour gagner de l’expérience et maitriser les différentes techniques de combat
- Interagir avec les autres soldats présents
- Sortir de la base et …. Aller dans un bar à en croire le film
- Débuter le combat
- Et bien d'autre choses …
Il est d’ailleurs amusant de constater que durant la première « partie » qui nous est présentée le soldat Cage ne sais absolument pas se battre, il ne sait pas se servir de ses armes (il est incapable de retirer la sécurité sur son exosquelette par exemple). Ça me fais penser au comportement de la plupart des joueurs de jeux vidéo, qui lors de l’acquisition d’un nouveau titre ne perdent pas de temps à lire la notice, mais se lancent directement dans une première partie, tout en essayant tant bien que mal de découvrir le mappage des touches en plein champs de bataille, ce qui conduit généralement le joueur à une mort certaine pour ensuite recommencer au début du niveau. Comme Tom CRUISE qui dans ce film se réveille lors de son arrivée à la base dès lors qu’il est défait au combat.
Il y a quelques choses qui est intéressant à noter, dans les jeux vidéo lorsque la partie est terminée, toutes l’expérience (de n’importe quelle forme, objets, armes, point d’expérience, gain de niveau, …) qui a été emmagasinée par le personnage est perdue mais l’expérience du joueur elle est conservée (maitrise du gameplay, connaissance de l’environnement, connaissance des ennemis, …). Dans ce film le soldat Cage va emmagasiner le deuxième type d’expérience, celle du joueur. A chaque nouvelle partie, le personnage principal est à la recherche du chemin parfait pour finir le « niveau », on le voit d’ailleurs préparer ses différentes parties en réalisant des plans en inscrivant les positions et les réactions des différents ennemis. C’est comme si en quelque sorte il réalisait un "Speed Run" en un seul segment et au moindre échec il doit recommencer la partie du début jusqu’à obtention de la prestation parfaite.
Parmi les références aux jeux vidéo, on peut également noter la présence du personnage de Emily BLUNT, Rita VRATASKI, qui est en quelque sorte la coéquipière du héros qui va lui servir de mentor en lui expliquant comment fonctionne ce don, quel en est la cause et quelle est sa mission. Ce type de personnage, celui de la femme forte, un peu "Bad-Ass" me fait clairement penser aux personnages féminin que l’on trouve dans les jeux vidéo (Quistis dans Final Fantasy VIII, ou encore dans Devil May Cry premier du nom où le personnage de Trish viens chercher Dante en lui exposant sa mission et les enjeux qui en découlent) et la raison du choix d’un personnage féminin est évident, les joueurs sont majoritairement des hommes et je pense que toutes ces explications autour des mécaniques du jeu ou des explications sur les enjeux scénaristique passent beaucoup mieux auprès de ce public s’ils sont expliqués par un femme que par un homme. Enfin bref, je reviens sur le film et sur le personnage Emily BLUNT, qui en plus d’être le mentor est également le personnage que le héros doit absolument protéger pour pouvoir poursuivre sa mission sous peine de rencontrer le si cruel Game Over. Et le film est très juste à ce niveau-là car lors de plusieurs tentatives on voit que Tom CRUISE est sur le point de remplir sa mission et est dépité de voir que sa coéquipière a perdu la vie l’obligeant encore une fois à recommencer la partie. Ce sentiment, c’est quelque chose que tous les joueurs ont ressenti au moins une fois en jouant à un jeu vidéo.
Prenons par exemple le cas de Resident Evil 4, en début de partie, le personnage principal est seul, le joueur n’a que lui a gérer mais une fois que le gameplay commence à être maitrisé et que les hordes d’infectés posent de moins en moins de problèmes au joueur, nous faisons la connaissance de la charmante Ashley dont la profession (à par être la fille du président des États-Unis d’Amérique) est de se faire enlever par les infectés obligeant le joueurs à recommencer sa partie.
Et personnellement le personnage de Rita VRATASKI me fait énormément penser au personnage de The Boss de Metal Gear Solid 3. D’un point de vue physique tout d’abord je trouve que la ressemblance est frappante, mais également d’un point de vue du comportement. Je ne sais pas du tout s’il y a eu inspiration de la part du réalisateur du film ou pas, mais selon moi, les épisodes de la série des Metal Gear Solid sont les jeux vidéo qui se rapprochent le plus des films (avec des cinématiques de plusieurs dizaines de minutes, par exemple la scène d’introduction de Metal Gear Solid 3 qui dure plus de trente minutes sans que le joueur n’ait à agir) alors je ne trouve absolument pas ça choquant qu’ils servent de passerelle entre l’univers du jeux vidéo et celui du cinéma.
Et personnellement le personnage de Rita VRATASKI me fait énormément penser au personnage de The Boss de Metal Gear Solid 3. D’un point de vue physique tout d’abord je trouve que la ressemblance est frappante, mais également d’un point de vue du comportement. Je ne sais pas du tout s’il y a eu inspiration de la part du réalisateur du film ou pas, mais selon moi, les épisodes de la série des Metal Gear Solid sont les jeux vidéo qui se rapprochent le plus des films (avec des cinématiques de plusieurs dizaines de minutes, par exemple la scène d’introduction de Metal Gear Solid 3 qui dure plus de trente minutes sans que le joueur n’ait à agir) alors je ne trouve absolument pas ça choquant qu’ils servent de passerelle entre l’univers du jeux vidéo et celui du cinéma.
Il est nécessaire que je précise quelque chose, dans ma critique de Need For Speed le reproche majeur que je faisais au film était d’avoir l’impression de regarder quelqu’un en train de jouer à un jeu de course. En l’occurrence c’était le personnage de Mickeal KEATON qui représentait ce joueur. Alors que là, c’est totalement différent la référence est beaucoup plus subtile, on peut très bien regarder ce film en passant à côté de l’esthétique vidéo ludique et on se retrouve face à un bon film d’action. Mais surtout on ne nous montre pas le joueur ce qui ne sort pas le spectateur du film, l’immersion demeure intact, personne ne dis au spectateur « Hey les gars regardez c’est un jeu, vous êtes juste en train de regarder un mec qui joue devant son PC ».
D’un point de vue technique le film est également une réussite. La mise en scène est, sans être exceptionnelle, efficace pour ce genre de film, les scènes d’actions sont impressionnantes et de bonne qualité par contre la 3D n’apporte pas grand-chose. Mais ce qu’il faut retenir c’est que les acteurs sont bons, je trouve que Tom CRUISE est parfait dans ce rôle et que surtout, c’est le deuxième film de science-fiction dans lequel il est à l’affiche en deux ans et dans ces deux derniers il joue très bien.
Le scénario est plutôt simpliste et se basant essentiellement sur le fait que le personnage principal remonte le temps, après l’histoire racontée est très simple, la Terre est envahi par des extra-terrestres et les humains viennent de gagner une bataille (à Verdun … ça me fais penser à quelque chose …) le monde s’apprête à livrer une dernière offensive contre cet envahisseur dans un débarquement sur les plages de Normandie (Mince ça aussi ça me rappelle quelque chose !!!) et à noter que le film est sorti en France un 4 juin, la semaine de l’anniversaire de l’armistice de 1945, après je ne sais pas pourquoi toutes ces allusions, qui sont pour le coup vraiment lourdingues, sont présentes, c’est sans doute stratégie commerciale pour surfer sur l’engouement médiatique de la commémoration de l’armistice de 1945. Et on va suivre nos deux héros dans les différentes batailles pour détruire l’envahisseur extraterrestre.
Pour l’instant je dresse un portrait plutôt flatteur de de ce film, mais je dois tout même émettre quelques réserves. La première chose, je l’évoquais précédemment, c’est le scénario qui est un peu simpliste et notamment dans la façon de traiter les ennemis. J’aimerais bien savoir d’où ils viennent, comment ils sont arrivés sur Terre et surtout pourquoi ils ont envahi notre planète. Je ne demande pas quelque chose de complexe parce que dans le film on s’en fiche complétement, c'est accessoire, mais bon ça permettrait de créer un backgroud et de donner un peu de profondeur à ce dernier. Autre chose à propos des ennemis, les Mimics, je n’ai du tout accroché à leur design, je les trouve vraiment assez laid et peu inspirés, mais bon je ne m’étends pas sur le sujet car un avis extrêmement subjectif. Autre reproche qui peut être fais à ce film c’est les incohérences liées au paradoxe temporel, ce n’est pas des grosses incohérences certes mais quand on y réfléchi un peu on se dit que effectivement ça ne colle pas. Par exemple, à la fin du film quand Tom CRUISE est sur le point de détruire le Mimic qui les contrôle tous (vous m’excuserez son nom m’échappe) et bien pourquoi le Mimic Alpha (de couleur bleu), qui lui aussi possède les pouvoirs de remonter de temps, ne se tue pas pour annuler l’action du héros et anticiper ce scénario ? Bref le film comporte quelques petits soucis de ce genre, mais là je pinaille parce que le film s’en sort très bien alors que ce n’est pas simple de gérer les voyages dans le temps au cinéma, beaucoup de films en ont fait les frais. Autre point qui me gêne, mais pour le coup celui la beaucoup plus que les autres, c’est le final du film, qui est forcé et ne trouve aucune justification, à par selon moi une demande des producteurs qui souhaitaient absolument avoir un "Happy-End" (si vous avez une analyse n’hésitez pas à m’en faire part via mon compte Twitter @TheCinebook)
Pour répondre à ma question initiale, je pense que oui, effectivement ce film est un des meilleurs exemples que cinéma et jeux vidéo peuvent cohabiter. Je pense que le fait qu’il ne soit pas une adaptation directe joue beaucoup en sa faveur, il évite les écueils de ses semblables qui généralement se contentent de clins d’œil forcés à l’œuvre originale pour assurer le fan service. Ce qui est appréciable également c’est la vision que ce film dégage des jeux vidéo. Je m’explique, demandez à un non initié de vous décrire un jeu vidéo et bien le résultat sera très certainement loin de la réalité. Dans l’imaginaire des gens, les gamers sont des bourrins décérébrés complétement associables et c’est ce type de personnage que l’on retrouve dans la plupart des productions qui évoque le thème du jeu vidéo. Ce qui est totalement aberrant, parce que le public de ces films c’est les joueurs et en mettant en scène ce type de personnage les films deviennent assez malveillant avec une partie de leurs spectateurs. Alors que dans Edge Of Tomorrow, les clins d’œil ne sont pas forcés c’est la base du film qui repose sur le principe d’un jeu vidéo de guerre à environnement ouvert proposant différentes phases de gameplay :
- Exploration : Dans la base militaire ou le joueur est visiblement libre de ses mouvement et pouvant interagir avec les autres personnes présentes dans le base et par la même occasion améliorer sa popularité et ces relations sociales au sein de la base.
- Action : Les différentes batailles et affrontement contre les Mimics alternant les phases de combats au sol mais également embarqué dans un exosquelette.
- Conduite de véhicules : Pour se déplacer entre les niveaux ou lors des différentes phases de poursuites.
- Infiltration : Lorsque les deux protagonistes infiltrent la base militaire dans le but de rencontrer le général et lui exposer leur plan.
Pour conclure, ce film est une très bonne surprise, pour dire vrai j’en attendais pas grand-chose et au final il se révèle franchement fun. Il permet de passer un agréable moment, c’est un blockbuster estival divertissant, impressionnant et non dénué d’humour alors pourquoi s’en priver ?
Mais bon ce n’est que mon avis…
Mais bon ce n’est que mon avis…